Budget citoyen

Le mois de novembre qui s'ouvre est généralement consacré à l'examen et à l'adoption du budget de l'État.

Les autorités gouvernementales ont déjà fait savoir les ambitions qu'ils assignent à cette boussole de l'action publique pour l'année prochaine. C'est un marqueur important de la République car il permet de savoir, en gros, comment vont être gérés les retenues opérées sur les revenus que gagnent les camerounais au quotidien. C'est aussi le moyen de savoir quels sont les ambitions que nos gouvernants ont pour nous, citoyens, quant à ce qui concerne l'amélioration de nos conditions de vie. Oui, l'investissement public est un enjeu sur lequel il faut être particulièrement vigilant.


Nous traitons dans ce numéro d'un sujet qui semble de la première importance quant à ce qui concerne l'accountability des responsables publics. En effet, depuis le ler novembre, le ministère de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire (Minepat), cheville ouvrière de l'implémentation du Budget d'investissement public (Bip), a déployé ses équipes sur le terrain en vue d'analyser l'appréciation qu'ont les populations à la base, de l'impact de ce budget sur l'amélioration de leurs conditions de vie. Leur mission concerne principalement les Bip 2018 et 2019. Ce sont au total 2600 milliards de FCFA qui ont été mobilisés pour la réalisation de plus de 12 000 projets. Au-delà des lois de règlement qui, du reste ne montrent que les taux d'exécution financière, il est question d'en mesurer les effets réels sur les populations.


Ce contrôle a posteriori est porteur de nombreuses innovations au niveau managérial. D'abord, il instaure la notion même de contrôle au cœur du management public. C'est une réalité tellement rare sous nos cieux qu'il est bon de l'apprécier à sa juste valeur. Il permet de juger de la qualité des ouvrages réalisés sur le terrain, leur nécessité réelle, l'usage qui en est fait et les éventuels correctifs qu'on peut y apporter. Il s'agit là d'un fonctionnement calqué sur le modèle de l'entreprise et qui, si bien mené, va inéluctablement conduire à plus d'efficacité de l'action publique. C'est une bonne chose.


Mais surtout, les autorités ont annoncé que 800 ménages seraient consultés au cours de ces descentes. On pourra toujours trouver à redire sur l'échantillonnage qui a été fait ou la représentation voire la représentativité de ceux-ci. Mais le fait même de donner la parole aux citoyens pour juger de l'action publique est à saluer. Que ne s'est-on plaint, ces dernières années, de la verticalité de la décision publique ? Des projets qui sont pensés fait des réels besoins locaux ? Inclure les citoyens à Yaoundé, par des bureaucrates pas toujours au dans le processus d'implémentation de l'action publique est un gage de bonne gouvernance. II figure même dans les Objectifs de Développement Durable. Il ne reste qu'à souhaiter que les avis recueillis servent à ce à quoi ils sont destinés à savoir : l'amélioration de la gouvernance publique pour le bien être des citoyens.

Par Irène KALJOP ABENA

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION