Moody’s durcit les conditions de l’emprunt en devises de 200 milliards de FCFA en préparation au Cameroun

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L’agence de notation financière américaine a dégradé la note du pays de deux paliers, passant de B2 à Caa1, c’est-à-dire à cinq paliers du défaut de paiement. Le Cameroun ne devrait pas tarder à subir les conséquences de la décision prise le 28 juillet 2023 par Moody’s.

Ceci qui place le Cameroun dans la catégorie des emprunteurs pour lesquels la perception du risque de non-remboursement des dettes sur le marché international des capitaux est plus qu’élevée. Un mauvais profit l'emprunteur que les investisseurs sanctionnent généralement en exigeant des taux d’intérêt élevés en cas de recherche des financements sur le marché des capitaux.
Cela devrait être le cas du Cameroun, qui prépare actuellement un emprunt en devises, suivant une information révélée par la loi de finances rectificative 2023 de l’État. « Suivant ce rectificatif, il est prévu un recours aux emprunts sur les marchés internationaux d’un montant de 200 milliards de FCFA pour le remboursement des restes à payer, en maintenant le même niveau d’endettement public », confirme dans sa dernière note de conjoncture la Caisse autonome d’amortissement (CAA), le gestionnaire de la dette publique au Cameroun.
En clair, à cause de la nouvelle note attribuée au Cameroun par Moody’s, en raison « des retards de paiement de la dette extérieure à la fin de l’année 2022 et cette année, dont un à Deutsche Bank Spain », le pays devrait payer beaucoup plus cher pour obtenir les 200 milliards de FCFA en devises, à mobiliser avant la fin de l’année 2023. À l’analyse, cette nouvelle dette devrait être contractée bien au-delà du taux d’intérêt de 5,95% servi aux investisseurs en 2021, pour le rachat de l’eurobond du Cameroun de 2015. Cette rémunération sur des titres de 10 ans de maturité avait été considérée comme un véritable exploit par les officiels.
Marché sous-régional
Ce triomphalisme tenait de ce que, pour sa première sortie sur le marché international des capitaux en 2015, le Cameroun avait dû consentir à aguicher les investisseurs avec un taux d’intérêt de 9,5% pour des titres à 10 ans de maturité. Du fait de la dégradation de sa note souveraine par l’agence Moody’s, le Cameroun, pour son emprunt de 200 milliards de FCFA en préparation, pourrait refaire face à ce niveau de rémunération alors classé parmi les plus élevés servi par les pays d’Afrique subsaharienne sur le marché international cette année-là. L’addition des taux d’intérêt pourrait d’ailleurs être davantage salée, du fait des conditions de crédit devenues encore plus rigides sur le marché international, depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien.
En plus du marché international, la décision de Moody’s devrait avoir un impact sur le marché des capitaux sous-régional, où le Trésor public camerounais est déjà à la peine depuis le début de l’année 2023. À cause de la politique monétaire de restriction des financements mis en place par la banque centrale pour freiner l’accélération de l’inflation. En effet, l’abaissement de la note souveraine du Cameroun pourrait amener les intermédiaires opérant sur ce marché, et qui sont pratiquement tous des filiales des multinationales financières, d’être encore plus exigeants en termes de taux d’intérêt devant accompagner les émissions de titres publics du Cameroun.
Une telle exigence devrait amener le pays à bonifier les 4,67% et 5,82% de taux d’intérêt moyens, respectivement pratiqués sur les bons et obligations du Trésor du Cameroun en juin 2023, sur le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). Il s’agit de l’institut d’émission commun aux six pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale).

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